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RÉFLEXIONS DE FIDEL CASTRO
3 septembre 2010

L'IMPOSSIBLE BONHEUR

J’ai promis d’être l’homme «le plus heureux du monde si je me trompais», et mon bonheur, hélas, durerait bien peu.

La Coupe du monde de football n’est pas encore terminée: la finale aura lieu dans six jours.

Quelle occasion extraordinaire perdront alors l’empire yankee et l’Etat fasciste d’Israël pour dévier l’esprit de l’immense majorité des habitants de la planète de leurs problèmes fondamentaux!

Qui se sera rendu compte des plans sinistres ourdis par l’empire contre de l’Iran et de ses grossiers prétextes pour l’attaquer ?

Je me demande ce que font pour la première fois dans l’histoire les navires de guerre israéliens dans les eaux du Golfe persique, du détroit d’Ormuz et de l’espace maritime iranien.

Peut-on supposer que les porte-avions nucléaires yankees et les bâtiments de guerre israéliens repartiraient de là, la queue entre les jambes, au cas où pourraient s’exécuter les exigences contenues dans la Résolution 1929 votée le 9 juin 2010 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, laquelle autorise l’inspection des navires et des avions iraniens sur le territoire de n’importe quel Etat et, en l’occurrence, en haute mer?

Cette Résolution stipule aussi que l’inspection des bateaux iraniens ne se réalisera pas sans le consentement de l’Iran et que le refus ferait l’objet d’une analyse.

Elle autorise aussi à saisir les biens inspectés s’il se confirmait que ceux-ci en violent les dispositions.

Un Iran désarmé a été victime d’une cruelle guerre contre l’Irak au cours de laquelle les masses des Gardiens de la révolution nettoyaient les champs de mines en avançant dessus.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. J’ai rappelé dans des Réflexions précédentes que Mahmoud Ahmadinejad avait été le chef des Gardiens de la révolution dans l’Ouest iranien qui supporta le gros de cette guerre.

Des années après, un gouvernement iraquien enhardi dépêcha une bonne partie de sa Garde républicaine au Koweït pour annexer cet Emirat arabe riche en pétrole, qui fut une proie facile.

Cuba avait des liens étroits avec le gouvernement iraquien et lui avait prêté, tout le temps qu’il n’était en guerre avec personne, d’importants services de santé. Notre pays s’efforça de le persuader d’abandonner le Koweït et de renoncer à la guerre qu’il avait déclenchée à partir de vues erronées.

On sait aujourd’hui qu’une médiocre ambassadrice yankee, qui avait d’excellentes relations avec le gouvernement iraquien, l’induisit à commettre cette erreur.

Bush père attaqua son ancien ami, à la tête d’une puissante coalition à forte composante arabo-islamo-sunnite de pays approvisionnant en pétrole une bonne partie des nations industrialisées et riches, laquelle avança depuis le sud de l’Irak pour couper le repli sur Bagdad de la Garde républicaine qui put atteindre la capitale en raison de la prudence de l’infanterie de marine et des forces armées des USA, commandées par Colin Powell, un général prestigieux qui fut ensuite secrétaire d’Etat de George W. Bush.

C’est par pure vengeance qu’on utilisa contre elle des projectiles contaminés à l’uranium appauvri afin de tester pour la première fois les dommages qu’ils pourraient causer aux soldats ennemis.

L’Iran, cette nation qui professe la religion musulmane chiite et qui est aujourd’hui menacée par des forces des trois armes, ne ressemble en rien à la Garde républicaine qu’ils ont attaquée impunément en Irak.

L’empire est sur le point de commettre une erreur irrémédiable sans que rien ne puisse l’en empêcher. Il avance inexorablement vers une destinée sinistre.

Tout ce qu’on peut affirmer, c’est que les quarts de finale de la Coupe du monde de football se sont bel et bien déroulés.  Ainsi, les supporteurs ont pu suivre des parties passionnantes où l’on a vu des choses incroyables. En trente-six ans - seul l’ordinateur permet de faire de pareils calculs –, les Pays-Bas n’avait jamais perdu une partie de coupe du monde un vendredi.

Et le fait est que le Brésil a été éliminé en quarts de finale: un arbitre s’en est chargé. C’est du moins l’impression que n’a cessé de répéter un excellent chroniqueur de la télévision cubaine, bien que la FIFA  ait validé ensuite la décision de l’arbitre.

Un peu plus tard, ce même arbitre a laissé le Brésil avec seulement dix joueurs à un moment décisif, alors qu’il restait encore à jouer plus de la moitié de la deuxième mi-temps. Ce ne fut sûrement pas son intention.

L’Argentine a été éliminée hier. L’équipe allemande a, dès les premières minutes, surpris sa défense trop confiante et son gardien, et a marqué par l’intermédiaire de son milieu de terrain Müller. Par la suite, les avants argentins ont eu au moins dix occasions de but contre une pour les Allemands, mais sans marquer une seule fois. C’est au contraire l’Allemagne qui a marqué trois buts de plus, et même la chancelière fédérale Angela Merkel applaudissait à tout rompre.

Ainsi, de nouveau, une des équipes favorites a perdu, et plus de 90 % des supporteurs cubains en sont restés abasourdis.

L’immense majorité des amateurs de ce sport ne savent même pas sur quel continent se trouve l’Uruguay. Une finale entre pays européens serait la chose la plus incolore et antihistorique depuis que ce sport a vu le jour.

En revanche, des événements se sont déroulés dans l’arène internationale qui n’ont rien à voir avec les jeux de hasard, mais bel et bien avec la logique élémentaire qui régit les destinées de l’empire.

Une série de nouvelles est tombée les 1er, 2 et 3 juillet.

Elles tournent toutes autour d’un fait: les grandes puissances représentées au Conseil de sécurité des Nations Unies et ayant droit de veto, plus l’Allemagne, ont, le 2 juillet, exhorté le gouvernement iranien à «répondre promptement» à l’invitation qui lui a été faite de reprendre les négociations sur son programme nucléaire.

Le président Barack Obama avait signé la veille une loi qui élargit les mesures existant contre les secteurs énergétique et bancaire de l’Iran et qui sanctionne les compagnies qui feraient des affaires avec Téhéran. Bref, blocus rigoureux et étranglement de l’Iran.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé que son pays reprendra les conversations fin août et a souligné que le Brésil et la Turquie, les deux seuls membres du Conseil de sécurité qui se sont opposés aux sanctions, le 9 juin, devaient y participer.

Un haut fonctionnaire de l’Union européen a averti, d’un ton hautain, que ni le Brésil ni la Turquie ne seraient invités à prendre part aux négociations.

Il n’en faut guère plus pour tirer les conclusions pertinentes.

Aucune des parties ne cédera: l’une, par arrogance de puissant; l’autre, par la résistance au joug et par la capacité de combattre, comme cela est arrivé si souvent dans l’histoire de l’homme.

Le peuple iranien, aux traditions culturelles millénaires, se défendra sans aucun doute des agresseurs. Il est incompréhensible qu’Obama croie sérieusement qu’il se pliera à ses exigences.

Le président et les leaders religieux de ce pays, s’inspirant de la Révolution islamique de Ruhollah Khomeiny, le créateur des Gardiens de la révolution, des forces armées modernes et du nouvel Etat iranien, résisteront.

Quant à nous, les peuples pauvres du monde, qui n’avons pas la moindre responsabilité dans le colossal imbroglio créé par l’impérialisme, situés dans ce continent-ci au sud des Etats-Unis, ou situés à l’Ouest, au Centre et au Sud de l’Afrique, et les autres du reste de la planète qui pourraient s’en sortir indemnes, nous ne pouvons que faire face aux conséquences catastrophiques de la guerre atomique qui éclatera sous peu.

Je n’ai, hélas, rien à rectifier et j’assume pleinement la responsabilité de ce que j’ai écrit dans mes dernières Réflexions.

Fidel Castro Ruz, le 4 juillet 2010, 17 h 36

Traduction ESTI

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